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L'informatique mobile en Polynésie

La seule étude (à ma connaissance) sur l’informatique mobile est à mettre au compte de la DGEN. Publiée en 2013, cette étude porte sur 509 ménages (soit à peu près 2000 personnes sur une population de 274 217 en 2012, soit 0.7% de la population). L’étude couvre un spectre plus large, mais seuls les smartphones ayant un forfait data m’intéressent. Pour les amateurs de B2B, une version axée sur les entreprise est également disponible.

À la page 21, on apprend ainsi que 31% des Îles du Vent sont équipés en smartphones. 16% ont un feature phone avec une connexion à internet… Pas notre cible première.

Donc en ne considérant que les connectés des Îles du Vent, cela nous donne 60 553,54 personnes (je vous laisse vous farcir les additions dont le tableau de l’INSEE, c’est toujours agréable).

Ainsi, si je souhaite lancer un service pour smartphones qui ne concerne pas les touristes, je suis limité à 60 000 personnes. Dans mon précédent travail, nous avions 300 000 visiteurs uniques par jour, uniquement sur l’application iPhone …

Bref, l’idée est donc d’augmenter le marché des mobinautes (LOL) en Polynésie française. Pour cela, deux pistes simples:

Ne pas décompter les connexions Internet “locales” des forfaits 3G

C’est une idée en apparence géniale mais en fait assez stupide car elle va à l’encontre d’un pilier de l’Internet: la neutralité. Des gens beaucoup plus compétents en parlent mieux que moi (e.g. la Quadrature du Net) mais pour faire simple, la neutralité du Net consiste à ne pas facturer une connexion à Internet en fonction des sites visitées, i.e. ne pas utiliser le modèle économique du Minitel.

C’est une vraie fausse bonne idée car même si elle est appliquée dans le “bon sens”, cela reste une exception à un principe vital de l’Internet et il convient d’en user très modérément. On pourrait mettre en place cette mesure pour une période définie (3 ans max) et mesurer son impact.

Cependant, sur notre petit territoire (en population), le risque de déséquilibrer commercialement le Net mondial est assez faible et cette mesure encouragerait ces chères start ups que tout politique digne de ce nom se doit de considérer comme la panacée aux problèmes de notre monde (pour ma part, j’ai plus souvent besoin de manger que d’utiliser Uber, mais ça sera le sujet d’une prochaine note).

En cas de dépassement de forfait, brider le débit plutôt que de facturer la consommation hors-forfait

Les opérateurs, n’ayant plus LA vache à lait des dernières années (nom officiel: le SMS), ils se rabattent sur ce qu’ils peuvent. Et une des techniques est la facturation de dépassement. Elle ne date pas d’hier, mais dans un contexte d’informatique mobile, elle prend une toute autre dimension.

Le mobinaute (re-LOL) est un consommateur avide d’actualité, à vrai dire d’instantané. Et il utilise également son smartphone comme outil de travail et de communication. Il y a donc un mélange des genre qui amène, lors d’un dépassement de forfait, à être obligé de payer le surplus.

Oui, oui, oui, le con-sommateur n’a qu’à se raisonner et personne ne l’oblige à regarder des vidéos de chatons toute la journée. Cependant, dans le cadre de ce qui est finalement une mission de service public (d’après le Conseil Constitutionnel, l’accès à Internet fait partie de la liberté d’expression), les opérateurs facturent au prix fort le méga-octet (10 FCFP le Mo, soit 1€ les 12 Mo).

Une solution à mi-chemin entre le “tout-gratuit” et le “je-te-prends-aussi-ta-chemise” est de simplement brider le débit en cas de dépassement (pratique communément appelée fair use, mais qui n’a rien à voir avec le fair use). Et le con-sommateur accro aux vidéos de chatons pourra, d’un SMS, demander à être facturé d’une somme lui donnant droit à retrouver son plein débit. Je le faisais chaque mois en métropole (fichue 4G).

#TL;DR

Deux mesures simples, abaisser les coûts d’utilisation du net mobile local tout en empêchant des hors-forfaits ruineux, augmentent mécaniquement l’usage, donc le marché. Et nous vivons dans une économie de marché.